Posted on jeu, 03 Oct 2024, 12:30
© FAO
Ce mois-ci, nous nous entretenons avec Thorwald Geuze, fonctionnaire principal chargé de la santé des végétaux au Ministère de l’économie – Autorité de sécurité sanitaire des aliments et des produits de consommation – des Pays-Bas, Vice-Président du Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités et responsable de l’Équipe de ce comité sur le commerce électronique.
Bienvenue, Thorwald. Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre travail au sein de l’organisation nationale de la protection des végétaux (ONPV) des Pays-Bas et de la CIPV?
Je vous remercie pour cette question. Je suis actuellement fonctionnaire principal chargé de la santé des végétaux à l’Autorité de sécurité sanitaire des aliments et des produits de consommation des Pays-Bas (ONPV des Pays-Bas). J’ai commencé à participer aux travaux du Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités en 2020, lorsque j’ai été nommé responsable de l’Équipe sur le commerce électronique, avant d’être élu Vice-Président de ce même Comité en 2023.
Votre activité au sein du Comité vous a amené à travailler de près sur la question du commerce électronique. En quoi estimez-vous que cette question est devenue aujourd’hui une priorité pour la communauté phytosanitaire?
La pandémie a entraîné une forte hausse des achats en ligne, ce qui s’est traduit par une augmentation du volume de colis expédiés dans le monde entier. Parmi les articles commercialisés, on trouve des végétaux et des semences, qui peuvent présenter des risques phytosanitaires. Vous vous souvenez peut-être de l’arnaque dite du "brushing", où des particuliers recevaient des semences qu’elles n’avaient pas commandées. Cette affaire a mis en évidence les vulnérabilités du système et nous a montré que le commerce électronique peut être une importante filière d’introduction d’organismes nuisibles.
Quels sont les risques pour les ONPV si elles n’agissent pas sur le commerce électronique et ces nouvelles pratiques commerciales?
Le commerce électronique n’est pas aussi encadré que les échanges commerciaux traditionnels de grande envergure, comme l’expédition de conteneurs de végétaux ou de produits végétaux. Bien que les colis relèvent des réglementations nationales sur la protection des végétaux, ils ne font pas l’objet d’une étroite surveillance en raison de l’ampleur du nombre de colis expédiés chaque jour à travers le monde et de la multiplicité des voies qu’ils empruntent. Le manque de surveillance accroît le risque d’introduction accidentelle d’organismes nuisibles. En outre, en l’absence de contrôle adéquat, il existe un réel risque d’abus délibéré, comme la contrebande ou l’envoi d’articles à haut risque susceptibles d’introduire des organismes nuisibles ou des maladies.
En 2014, la CMP (Commission des mesures phytosanitaires) a adopté une recommandation sur le commerce électronique. Que pensez-vous des progrès accomplis depuis lors, notamment en ce qui concerne les travaux du Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités?
La recommandation de 2014 était un bon point de départ, mais ce n’était qu’une recommandation. La publication du Guide de la CIPV sur le commerce électronique, qui fournit des conseils pratiques aux ONPV souhaitant réglementer ou superviser le commerce électronique et travailler en étroite collaboration avec des partenaires clés tels que les services des douanes et les services postaux et de livraison rapide, a vraiment changé la donne. L’équipe a créé une page web dédiée au commerce électronique sur le site de la CIPV, qui propose plusieurs matériels de renforcement des capacités, que j’encourage chacun à consulter. L’Équipe du Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités responsable des questions relatives au commerce électronique a également organisé une réunion parallèle fructueuse lors de la dernière session de la CMP (CMP-18), au cours de laquelle plusieurs ONPV ont présenté des études de cas, notamment l’Argentine, le Canada, les États-Unis d’Amérique et la Nouvelle-Zélande, ainsi que l’Union postale universelle, l’un de nos principaux partenaires dans ce domaine (l’enregistrement audio est disponible depuis cette page). Les retours suite à ces activités ont été très positifs et je pense que de plus en plus d’ONPV commencent à comprendre l’intérêt de travailler davantage sur le commerce électronique.
L’Observatoire de la CIPV réalise actuellement une enquête sur le commerce électronique. En quoi est-ce le bon moment pour mener une telle enquête?
Le commerce électronique est un vecteur de plus en plus important de possible introduction d’organismes nuisibles. C’est donc le bon moment, car l’enquête nous permettra de recueillir des données pour comprendre les besoins des ONPV et les difficultés qu’elles rencontrent dans ce domaine prioritaire. Comme pour toutes les enquêtes, nous utilisons l’Observatoire de la CIPV, une plateforme essentielle qui a été conçue pour mesurer, surveiller et rendre compte de la mise en œuvre de la CIPV, des NIMP et des recommandations de la CMP au niveau mondial.
En quoi est-il important que les ONPV répondent à l’enquête de l’Observatoire de la CIPV sur le commerce électronique?
Le Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités est au service des ONPV et il est donc essentiel que ces dernières nous fassent part de leur point de vue. Nous espérons pouvoir déterminer ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et les domaines dans lesquels nous pouvons renforcer notre soutien. Il ne s’agit pas seulement de mesurer la situation actuelle, mais aussi de planifier l’avenir et de déterminer quels outils ou ressources supplémentaires pourraient être réellement utiles à la communauté phytosanitaire.
Le Comité chargé de la mise en œuvre et du renforcement des capacités et le Secrétariat de la CIPV ont fait tout leur possible, dans le cadre de cette enquête, pour tenir compte des observations formulées précédemment par les ONPV et aussi pour améliorer le format de l’enquête, les questions et l’ensemble du processus. J’encourage vivement tous les points de contact de la CIPV à retourner le questionnaire rempli d’ici le 31 octobre!
Y a-t-il un message que vous aimeriez transmettre aux autres points de contact de la CIPV ou aux ONPV qui hésiteraient à répondre à l’enquête?
Oui, absolument. Tout d’abord, il n’y a pas de mauvaise réponse. Si votre ONPV éprouve des difficultés avec certains aspects du commerce électronique ou n’a pas encore commencé à travailler sur cette question, ce n’est pas grave. Il est tout aussi important pour nous de connaître les difficultés rencontrées par les ONPV que leurs réussites. L’enquête n’est pas un examen, c’est un outil qui nous permet de comprendre où en sont les ONPV et comment nous pouvons les aider.
Y a-t-il un autre message que vous souhaiteriez adresser aux ONPV?
Oui, outre l’enquête, j’encourage les ONPV à nous communiquer des études de cas intéressantes par courrier électronique en écrivant au Secrétariat de la CIPV ([email protected]). Si une ONPV a trouvé une solution efficace à un problème lié au commerce électronique, nous serons ravis de la présenter sur notre page consacrée au commerce électronique et de partager les pratiques fructueuses avec l’ensemble de la communauté!
Informations complémentaires
Enquête de l’Observatoire de la CIPV sur le commerce électronique 2024
[Page web de la CIPV sur le commerce électronique][5]
[Observatoire de la CIPV][6]