Posted on lun, 17 Fév 2025, 07:14
L’intelligence artificielle (IA) transforme de plus en plus notre quotidien, par exemple en fournissant une assistance virtuelle aux clients, en aidant les médecins à effectuer des opérations chirurgicales complexes ou encore en permettant aux drones d’irriguer les terres et d’épandre des engrais. L’IA permet également d’améliorer la santé et la protection des végétaux grâce à des applications et des modèles innovants qui facilitent la détection et le diagnostic rapides des organismes nuisibles et des maladies des végétaux. Les systèmes basés sur l’IA utilisent des logiciels et des données en temps réel qui permettent de prendre des décisions optimales qui requièrent normalement des compétences d’experts. Face à la menace croissante posée par les organismes nuisibles, qui causent d’énormes pertes de récoltes et de revenus à travers le monde et exposent des millions de personnes à l’insécurité alimentaire, l’IA et les autres technologies numériques de pointe offrent des solutions intéressantes en matière de prévention, de contrôle et de lutte contre les organismes nuisibles. Conscients de l’urgence de préserver la production de bananes, les revenus des agriculteurs et le commerce, les pays d’Amérique centrale réfléchissent aux possibilités offertes par l’IA pour lutter contre la race tropicale 4 de Fusarium oxysporum f. sp. cubense (Fusarium TR4), un champignon terricole aux effets dévastateurs. Il n’y a pas de remède connu contre la TR4 et cela complique donc les activités de prévention, de préparation et d’intervention.
L’IA au service de la protection des végétaux
Du 2 au 7 février 2025, l’Organisme international régional de santé végétale et animale (OIRSA) – qui est une organisation régionale de la protection des végétaux –, le Secrétariat de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV), la Banque interaméricaine de développement (BID) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont organisé les Journées internationales de l’innovation phytosanitaire, en se concentrant sur les Musaceae (famille des bananiers). Organisée à San Salvador (El Salvador), cette manifestation a permis de réfléchir en profondeur à la façon dont l’IA et les technologies immersives (réalité virtuelle et augmentée) peuvent transformer et améliorer la prévention et l’enrayement des organismes nuisibles. Ont participé à l’événement des producteurs de bananes et des techniciens phytosanitaires de Colombie, du Costa Rica, de Cuba, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Nicaragua, du Panama, de la République dominicaine et du Salvador. La rencontre leur a permis de mieux comprendre comment les simulateurs et les modèles prédictifs facilitent la surveillance phytosanitaire de Fusarium TR4.
Pendant l’événement, l’OIRSA a présenté sa salle de simulation virtuelle 3D de dernière génération qui utilise l’IA pour surveiller Fusarium TR4. Cet outil a été mis au point dans le cadre de la plateforme latino-américaine et caribéenne de surveillance des musacées (Vigimusa). Les participants ont pris part à des exercices de simulation de foyers de TR4, couvrant toutes les étapes: préparation, confirmation des cas, intervention et confinement des végétaux infectés, tout en évitant le risque de contamination.
Les participants ont appris à utiliser l’IA pour évaluer le risque de propagation des maladies, renforçant ainsi leur préparation technique pour lutter contre les apparitions de foyers. Ils ont également pris part à des exercices pratiques sur le terrain où ils ont pu utiliser des drones pour la surveillance de Fusarium TR4. Ils ont ainsi découvert la polyvalence de l’IA et son rôle crucial pour détecter les organismes nuisibles à un stade précoce, effectuer des analyses précises et planifier des interventions efficaces.
Soulignant les avantages de l’IA dans le domaine phytosanitaire, la responsable des affaires courantes du Secrétariat de la CIPV, Mme Sarah Brunel, a déclaré: «Les outils basés sur l’intelligence artificielle sont très efficaces pour surveiller le comportement des organismes nuisibles et renforcer les méthodes de surveillance de ces organismes. L’IA utilise des données en temps réel, ce qui permet de réduire le gaspillage des ressources, d’optimiser la gestion en donnant la priorité aux mesures d’intervention dans les zones critiques et de promouvoir la protection de l’environnement en réduisant l’utilisation excessive de pesticides.»
«L’utilisation de plateformes et d’applications innovantes permet aux producteurs agricoles, aux autorités phytosanitaires nationales, aux organisations internationales et aux experts phytosanitaires de collaborer à distance, ce qui facilite le transfert de connaissances et la prise de décision en temps réel», a expliqué pour sa part le directeur régional de la santé des végétaux à l’OIRSA, M. Carlos Urias.
L’événement comprenait également un webinaire sur l’identification, la gestion et l’élimination du virus du bunchy top du bananier.
Protéger les cultures de bananes pour sauver des vies et préserver les moyens de subsistance
D’après les estimations de la FAO, le commerce mondial de la banane, dont les deux tiers proviennent d’Amérique latine, représente environ 20 millions de tonnes, soit 10 milliards d’USD par an. Disponible en plus de 1 000 variétés et consommée par environ 400 millions de personnes dans le monde, la banane est une culture vivrière et commerciale essentielle, en particulier dans les pays les moins avancés, à faible revenu et à déficit alimentaire. Mais la TR4, considérée comme le champignon le plus agressif et le plus destructeur de l’histoire de l’agriculture, constitue la principale menace pour la production de bananes dans le monde. Elle a été détectée pour la première fois en Amérique latine en 2019. Depuis, les pays de la région ont mis en place diverses mesures de prévention et de lutte, comme des exercices de simulation d’apparition de foyers et l’évaluation des capacités phytosanitaires (ECP), afin d’améliorer la préparation. En adoptant l’IA et d’autres technologies numériques de pointe, les pays d’Amérique centrale mettent tout en œuvre pour protéger les cultures, stimuler le commerce et préserver la sécurité alimentaire.
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