Posted on mar, 22 Jul 2025, 13:56
© FAO/Hashim Azizi
Partout dans le monde, les changements climatiques bouleversent le fragile équilibre qui permet aux végétaux – et à toute la vie qui en dépend – de rester en bonne santé. Avec des températures en hausse, des précipitations moins prévisibles et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, les organismes nuisibles et les maladies des végétaux se propagent comme jamais auparavant. Les conséquences dépassent largement le cadre des cultures. Dans un monde où les santés humaine, animale, végétale et environnementale sont étroitement liées, il n’a jamais été aussi crucial de protéger la santé des végétaux.
La publication intitulée Examen scientifique des effets des changements climatiques sur les organismes nuisibles aux végétaux, produite par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en coopération avec la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV), met en lumière la façon dont les changements climatiques créent de nouveaux risques pour la santé des végétaux, risques qui affectent à leur tour la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la biodiversité et la stabilité des écosystèmes.
Un terrain propice aux organismes nuisibles, aux maladies et aux toxines
À mesure que le climat évolue, les menaces pour la santé des végétaux évoluent elles aussi. La hausse des températures et l’adoucissement des hivers permettent aux organismes nuisibles et aux maladies des végétaux de survivre et de se propager dans des régions autrefois trop froides. La chenille légionnaire d’automne, originaire des Amériques, a atteint l’Afrique, l’Asie et certaines parties de l’Océanie, où elle détruit des cultures de maïs essentielles pour l’alimentation humaine et animale. Parallèlement, dans le sud de l’Europe, Xylella fastidiosa s’attaque aux oliviers, aux amandiers et aux vignobles, sa dissémination étant favorisée par des hivers plus doux et par l’évolution des écosystèmes.
La hausse des températures, les variations d’humidité et les cycles de sécheresse et d’inondation affectent les cultures et créent des conditions idéales propices à la prolifération de champignons qui contaminent les denrées alimentaires. Certains de ces champignons peuvent ensuite produire des mycotoxines, des toxines puissantes, invisibles et résistantes à la cuisson et aux procédés de transformation.
Ces risques sont bien réels. Les changements climatiques influent déjà sur le comportement, la gravité et la dissémination des organismes nuisibles et des agents pathogènes, et ces phénomènes s’accélèrent.
© FAO/Fanjan Combrink
Incidence des risques phytosanitaires liés au climat sur l’approche «Une seule santé»
Quand la santé des végétaux se dégrade, les effets se propagent à l’ensemble du vivant, jusqu’à atteindre la santé humaine et animale. Les végétaux assurent des services écosystémiques essentiels: ils stabilisent les sols, filtrent l’eau, stockent le carbone, régulent les climats locaux et contribuent à la subsistance des animaux. Mais lorsque les organismes nuisibles et les maladies, notamment les espèces envahissantes, affaiblissent la santé des végétaux, ces services commencent à se dégrader.
Cette perte de santé végétale fragilise la stabilité des écosystèmes et affecte directement les animaux. Certains végétaux envahissants, comme Parthenium hysterophorus et Prosopis juliflora, supplantent la végétation indigène, réduisant la qualité et la quantité du fourrage disponible pour le bétail. Les invasions acridiennes, favorisées par des conditions climatiques propices, peuvent dévaster les paysages et priver les éleveurs de pâturages. Et lorsque les animaux consomment des aliments contaminés contenant des aflatoxines ou d’autres mycotoxines, cela affecte leur croissance, leur fertilité et leur système immunitaire.
Pour les êtres humains, la détérioration de la santé des végétaux peut entraîner une diminution de la disponibilité des denrées et aggraver l’insécurité alimentaire. Comme pour les animaux, cela peut aussi accroître l’exposition à des substances nocives, telles que les toxines présentes dans des cultures vivrières contaminées comme le maïs, l’arachide ou le sorgho, qui peuvent provoquer de graves problèmes de santé. En outre, la dégradation des écosystèmes et l’appauvrissement de la végétation affaiblissent la capacité des populations à faire face aux chocs climatiques tels que les crues, les sécheresses ou les vagues de chaleur.
Les changements climatiques accélèrent le déclin de la santé des végétaux, ce qui entraîne une dégradation des services écosystémiques nécessaires à la santé humaine, animale et environnementale.
Le rôle essentiel des alertes précoces et des normes internationales
Face à l’évolution du climat, protéger la santé des végétaux exige des interventions plus rapides et plus avisées. Le renforcement des systèmes d’alerte précoce et de suivi des organismes nuisibles aide à détecter les nouvelles menaces avant qu’elles ne se transforment en crises. Des systèmes comme le Service d’information de la FAO sur le criquet pèlerin montrent qu’une surveillance en temps utile peut empêcher les apparitions de foyers de dégénérer en crises.
Les normes internationales sont tout aussi indispensables. Les normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP), élaborées sous l’égide de la CIPV, aident les pays à empêcher la dissémination des organismes nuisibles et des maladies des végétaux via le commerce mondial. De leur côté, les normes du Codex Alimentarius garantissent la sécurité sanitaire des aliments en établissant des seuils maximaux pour des contaminants comme les mycotoxines, réduisant ainsi les risques pour la santé humaine et animale. Ensemble, ces cadres constituent la base pour l’application de mesures fondées sur la science.
Face aux nouveaux risques liés aux changements climatiques, il est essentiel de mettre en place des systèmes d’alerte précoce, de prendre des mesures rapides et d’adopter des normes internationales rigoureuses afin de protéger les végétaux et toute la vie qui en dépend.
Ressources complémentaires