Posted on jeu, 01 Avr 2021, 13:29
© FAO/Sven Torfinn
Rome, 1er avril 2021 – Le criquet pèlerin (Schistocerca gregraria) est considéré comme l'organisme nuisible migrateur le plus dévastateur au monde. En raison de sa capacité à migrer sur de longues distances et à se multiplier rapidement, le criquet pèlerin constitue une menace potentielle pour la santé des végétaux, l'agriculture et les moyens de subsistance d'un dixième de la population mondiale. Un seul kilomètre carré d'essaim peut contenir jusqu'à 80 millions d'adultes pouvant consommer en une journée la même quantité de nourriture que 35 000 personnes. Le criquet pèlerin peut également se multiplier par 20 à chaque génération tous les trois mois et, pendant les invasions, il peut couvrir une surface équivalente à 20 pour cent des terres émergées de la planète.
Depuis début 2020, l'Afrique de l'Est est confrontée à sa pire invasion de criquets pèlerins. depuis plus de 70 ans. À partir de 2018, des conditions météorologiques inhabituelles, notamment des pluies, des cyclones et des inondations, ont favorisé une reproduction massive de cet organisme nuisible en Afrique de l'Est, en Asie du Sud-Ouest et dans la péninsule arabique. Les pays les plus touchés ont été l'Éthiopie, la Somalie et le Kenya.
La FAO collabore avec les pays touchés pour assurer une surveillance permanente, mener des opérations de lutte aérienne et terrestre, effectuer des évaluations d'impact et prendre des mesures environnementales, sanitaires et de sécurité afin d'enrayer la propagation de cet organisme nuisible à travers le monde. Depuis l'établissement du Comité de lutte contre le criquet pèlerin de la FAO en 1955, l'Organisation joue un rôle de premier plan dans la coordination mondiale de la lutte antiacridienne. Depuis 70 ans, son service d'information sur le criquet pèlerin communique aux pays touchés et à ses partenaires des alertes rapides et des prévisions. Les trois commissions régionales de la FAO sur le criquet pèlerin renforcent les capacités nationales dans 30 pays touchés par cet organisme nuisible, depuis l'Afrique de l'Ouest jusqu'à l'Asie du Sud-Ouest. «La FAO et les pays touchés ont adopté une stratégie de lutte préventive contre le criquet pèlerin afin de répondre efficacement et durablement à la problématique acridienne», a déclaré M. Shoki Al-Dobai, fonctionnaire agricole principal au sein de la Division de la production végétale et de la protection des plantes de la FAO, lors de la séance de clôture de la 15e Commission des mesures phytosanitaires (CMP-15). «Cette stratégie consiste à surveiller en permanence les populations de criquets dans leurs habitats primaires pour pouvoir émettre des alertes rapides et réagir au plus vite en mettant en place des opérations de lutte ciblées», a-t-il précisé.
La prévention du criquet pèlerin est le principal pilier du Plan mondial de lutte contre le criquet pèlerin de la FAO, qui vise à limiter la dissémination de cet organisme nuisible dans de nouvelles zones. Les commissions régionales contribuent à la mise en œuvre de la stratégie de lutte préventive en favorisant la création d'unités nationales autonomes de lutte antiacridiennne et en renforçant les capacités nationales de leurs pays membres dans des domaines tels que la prospection et les alertes rapides, la communication de l’information, la lutte préventive, la formation, la conception de plans d'urgence ainsi que les normes relatives à la sécurité humaine et environnementale, a expliqué M. Al-Dobai lors de la CMP-15.
«Imaginez qu'il y a environ 70 ans, le processus d'alerte rapide s'effectuait à partir de prospections faites à dos de chameau et que la transmission des données se faisait par voie postale. Nous avons incontestablement parcouru un long chemin depuis, et je suis ravi d'aborder avec vous aujourd'hui tous les progrès accomplis», a souligné M. Al-Dobai. Diverses solutions et technologies innovantes, comme les drones longue distance, les données de terrain en temps réel, les systèmes de géolocalisation, les outils numériques, les tableaux de bord et les plateformes, sont désormais utilisées pour surveiller, cartographier, enregistrer, faire des prévisions et communiquer des informations sur la situation mondiale des criquets pèlerins. De récentes enquêtes de terrain montrent que les infestations acridiennes diminuent régulièrement en Afrique de l'Est, grâce aux opérations de lutte en cours et à l'absence de pluies et de nouvelles reproductions. Aucune précipitation majeure n'étant prévue dans les semaines à venir, cette tendance devrait se poursuivre, ce qui pourrait entraîner la fin de la recrudescence constatée depuis 2019. Pour de plus amples renseignements, voir la présentation sur la recrudescence du criquet pèlerin et les mesures prises par la FAO (en anglais).